reconstruction mammaire

Amazone, Chère Amazone, je tenais à te dire Merci!

Crédit photo : David Jay pour The Scar Project

Il y a des rencontres qui vous marquent, qui ne vous laissent pas insensibles, qui vous transforment et vous font grandir…

Il y a des rencontres empreintes d’humanisme qui vous remplissent d’espoir et vous montrent que tout est encore possible…

D’abord celles des sœurs de la perpétuelle indulgence, qui, dans toute leur humanité, leur beauté, leur bonté et leur extravagance accompagnent les personnes atteintes du VIH. Ce sont elles, celles du couvent du nord qui ont organisé la rencontre avec les amazones, parce qu’elles ont élargi, leur questionnement sur le cancer du sein notamment via une exposition photographique dédiée au sein que j’ai pu voir au centre LGBTQF de Lille qui s’intitule « J’en ai un, j’en ai deux, j’en aurai, je n’en veux plus« .

Ensuite, Il y a toi, Angie, que je n’ai pas osé abordé, parce que ton témoignage trop bouleversant résonnait trop pour que je vienne te dire à quel point tu m’avais touché.

Et puis, il y a vous…les amazones.

Quand j’ai commencé à réfléchir à mon ablation, ce sont vers vos photos que je me suis penchée pour essayer d’imaginer à quoi mon corps aller ressembler. J’ai eu la chance, hier soir, de vous rencontrer, vous, guerrières debout dont le pull over laisse apparaitre la présence d’un seul sein.

Je tenais à vous remercier par cet écrit de votre témoignage, de votre travail , de votre présence, de votre énergie, de votre tolérance.

La soirée à débuté avec la projection d’un court reportage réalisé aux abords de Beaubourg à Paris, résultant d’un micro trottoir qui a pour objectif de retranscrire la réponse à une question simple : devant une photo d’amazone telle que celle située au début de cet article, que ressentez vous?

Quelques minutes pour entendre le meilleur, la bienveillance, la compréhension, le respect mais aussi le jugement, la monstruosité (terme employé par une personne interrogée), l’injonction faite aux femmes de la nécessité de se reconstruire après leur lutte déjà si épuisante contre le cancer.

Le débat qui a suivi cette projection posait la simple question ; est-on encore une femme aux yeux de notre société lorsqu’on voit un ou même nos deux seins disparaitre?

Le témoignage et la réalité de ce micro trottoir démontraient toute la violence reçue par ces femmes qui ont choisi de ne pas se « re »construire une poitrine après leur ablation.(je mets le « re » entre guillemets parce que, comme l’a signifié très justement une des amazones, rien que le terme reconstruction, sous entend que l’ablation d’un sein vous détruit) Violence d’ailleurs très fortement ressentie dans le milieu médical où on vous parle tout de suite de reconstruction immédiate sans vous laisser la possibilité d’imaginer que sans seins vous pourriez tout simplement être heureuse, épanouie voire vous sentir belle!

La projection à été suivie d’une lecture d’un texte qui m’a complétement bouleversé tant il décrivait les étapes, toutes les étapes, le ressenti, les phases en post opératoire d’une ablation. Toutes ces questions que je me suis posée, toutes ces questions , ces sentiments, ce bouleversement qui m’ont envahi, tout ce qu’on a pu me renvoyer. Ce texte est extrait d’un livre écrit par Annick Parent, une des deux amazones présentes.

J’avoue que cette rencontre m’a profondément marquée, d’une part, par l’interrogation qu’elle suscite sur le parcours médical et le discours qu’on me tient depuis le départ de mon choix opératoire. Puis, je dois bien l’avouer, qu’il résonne de manière forte, pour moi, qui tient des positions féministes et qui lutte contre toutes ces injonctions que la société nous impose sous le prétexte de remplir les critères esthétiques du genre féminin. En bref, sois belle, mince, ait deux seins, un vagin et de préférence…ne réfléchis pas. (J’exagère mais presque pas …)

Injonction faite à ces femmes au point de ne pas respecter le combat qu’elle ont déjà mené , au point de ne pas faire preuve de toute l’humilité qui s’impose devant la maladie qu’aucune d’entre elles n’a choisie, au point de réduire une femme à sa corporéité.

Alors Merci à vous, les sœurs de la perpétuelle indulgence pour vos sourires et votre humanité.

Merci à toi Angie, d’être si bouleversante de sincérité.

Et Merci à vous, les amazones d’avoir changé mon regard sur ce buste sans seins marqué par le combat qui ne signifiait rien d’autre pour moi que souffrance de la maladie jusqu’au deuil. Merci à vous de m’avoir montré aussi qu’il pouvait être le témoin d’un combat, d’une acceptation, d’un choix, d’un réel positionnement, de la vie tout simplement de la vie.

Merci à toi, Annick, d’avoir écrit ce magnifique texte et de m’avoir regardé avec toute la tolérance en me disant que le bout du chemin n’était pas loin.

Je vous regardais déjà comme des guerrières, je ne peux qu’admirer votre beauté.

 

 

Poitrine « en chantier » ; le long chemin de la reconstruction

Trois mois…trois mois se sont écoulés depuis ma double mastectomie prophylactique (joli mot pour dire préventive).

L’heure du bilan trimestriel à sonné ; Ma poitrine est un vrai chantier !

La platitude qui avait dévasté mon joli buste à laissé la place à deux « seins » que je me permets de mettre entre guillemets (après tout ceux sont les miens! ) tant ils ont décidé de ne pas se ressembler et de suivre chacun leur chemin!

je devrais dire deux volumes car ce ne sont pas encore des seins même si tous les critères visuels esthétiques répondent présents à l’appel.

Après la douleur de la mastectomie apaisée ( si si…je m’en suis remise mais Dieu que j’ai morflé!), le long chemin de la reconstruction a pu démarrer.

J’ai choisi avec l’aide des médecins de reconstruire ma poitrine avec du lippomodelage ; pour faire court, on m’aspire mes graisses dont je ne veux plus pour me les réinjecter… dans mes seins  🙂 (Ben oui…quitte à misérer toute sa vie à cause d’une mutation génétique, autant en tirer les bénéfices quand on peut!). Mais pour ce faire, encore faut-il avoir des seins…et c’est bien là tout le problème…je n’en ai plus!

La première phase de la reconstruction consiste donc à recréer deux volumes. Je suis donc allée depuis début septembre me faire gonfler mes expandeurs posés lors de ma mastectomie. Le but étant de créer un volume de base et d’accueil à la chirurgie esthétique basée sur les transferts de graisse.

Les séances ont lieu tous les 15 jours et consistent à injecter via une seringue du sérum physiologique dans mes expandeurs et ainsi voir un volume apparaitre…c’est de la sculpture au sérum phy! Ces expandeurs se trouvent derrière mon muscle pectoral et de cette manière modèlent mon muscle d’un volume rond qui petit à petit ressemble à un sein.

Lorsque je suis arrivée le jour de la première séance, j’étais apaisée. Les douleurs de l’abblation avaient disparu, j’assumais ma platitude et j’étais plutôt soulagée d’avoir franchi cette étape qui me stressait tant…mais c’était sans avoir conscience des effets collatéraux des séances de gonflage.

Je m’excuse d’avance de la forme en liste, de mes termes non arrondis, pas assez policés et certainement trop directs pour une prof de com censée savoir manier l’art du discours mais l’heure est au témoignage et je mets d’ors et déjà tout ce qui pourrait choquer sur le compte d’un stress traumatique post opératoire! 😉 trève de plaisanterie…j’en ai marre de ne pas en parler pour ne pas gêner, c’est la réalité de beaucoup de femmes ayant subi une mastectomie, l’ablation est certes une étape douloureuse mais la reconstruction porte bien son nom…elle est compliquée!

  1. Le premier effet … je m’amuse à l’appeler le « zéro rien », l’effet kiss cool par excellence post mastectomie, on vous enfonce une aiguille de 10 cm dans le sein, les yeux grands ouverts en vous disant :  « vous pouvez fermer les yeux mais ne vous inquiétez pas, vous n’allez rien sentir » …ah ben oui en effet, « zéro rien », je ne ressens…plus rien! et non, ce n’est pas parce que j’avais bénéficié d’une anesthésie ou consommé certains produits euphorisants mais bien parce que je n’ai plus de glande mammaire. Plus de nerfs…plus de vie dans mes seins.
  2. L’impression d’être une poupée gonflable…quand les yeux fixés sur la platitude de mon buste je vois d’un seul coup sortir l’esquisse d’un volume en 3 minutes clés en main! (c’est impressionnant, ça gonfle tout de suite, deux ballons…deux petits ballons complétement immobiles et rigides)
  3. La douleur qui arrive quelques minutes après …ben oui…ce pauvre muscle pectoral qui n’a rien demandé, on lui impose de se décoller et de se modeler sous la pression de l’expandeur. La douleur omni présente s’installe et nous rappelle au même titre que le cheminement corporel ne fait que commencer.

Ce dernier effet est le plus lourd en ce qui me concerne , car si je peux trouver des raisons concrètes de rire de tout ça, la douleur omni présente a souvent raison de mon énergie et me rappelle à l’ordre, moi, qui a tendance, à toujours vouloir repousser mes limites.

Je suis donc fatiguée, souvent épuisée par cette douleur, je ne peux dormir que sur le dos et je suis incapable de me positionner sur le côté, esthétiquement, ça commence à sérieusement pointer le bout de son nez 😉 youpi…j’ai des seins!

Mais comme rien n’est simple , mes expandeurs ne se sont pas positionnés de la même manière et vivent leur vie malgré moi et  malgré l’œil avisé du chirurgien qui ne cesse de me dire « Ne cherchez pas à obtenir un résultat esthétique pour l’instant, le but de cette première étape est de créer un volume et une expansion tissulaire » … Patience est donc devenu mon maitre-mot car j’ai compris au bout de trois mois que ma poitrine allait être en chantier encore un bout de temps. J’opterais donc pour la collection hiver 2015 pour le magnifique col roulé large ou les blouses amples bohèmes avant de pouvoir orner fièrement mes boobs dans des décolletés et autre vêtements près du corps avec beaucoup d’espoir si tout va bien…l’été prochain!

et puis je pense souvent à Gustave et me dis que la Tour Eiffel ne s’est pas construite en un jour! 😉

#PowerMutantes ❤

Construction_tour_eiffel3

 

 

 

La chirurgie esthétique, un truc de mecs?

femme

Je suis féministe, je fais partie de celles qui piquent des colères devant les catalogues de jouets, de celles qui revendiquent que l’apanage du plaisir sexuel n’est pas seulement réservé à l’homoérectus tout en proclamant le droit d’être autre chose qu’un produit de consommation sexuelle, ou encore de celles qui ne tolèrent pas la pression que notre société nous impose en plongeant toutes les femmes dans la trajectoire d’une maman cuisinière, couturière, ménagère et shoppeuse!

J’ai pris un virage dans mon parcours de guerre, celui qui va me mener au club des bombasses ;  ma nouvelle paire de seins doit m’être implantée par un chirurgien esthétique.

Selon une enquête, les femmes tomberaient très souvent amoureuses de leur chirurgien esthétique…Autant vous dire que j’attendais mon premier rendez-vous avec impatiente!

Comme toute femme aimée par son mari, c’est avec lui, mon éternel équilibre, que je me rends à cet entretien. Je n’y vais pas pour parler liposuccion, taille de bonnet, complexe physique mais reconstruction mammaire après une chirurgie prophylactique. Je suis stressée, un peu désorientée et angoissée à l’idée de parler de cette reconstruction mais je garde mon cap en me disant que je choisis par cet acte de vivre et non de survivre à une maladie.

La formation pour devenir médecin nécessite plusieurs années, trois cycles regroupant 10 à 11 années d’études. On peut donc s’attendre à être reçu par quelqu’un d’instruit voire intelligent mais la question est de savoir si le machisme s’affranchit devant l’instruction ou l’intelligence?

Et bien non! Même si ce premier entretien fut une véritable catastrophe, il m’aura au moins appris ça!

Je salue le charme et le charisme de ce chirurgien ne faisant pas défaut aux réputations des chirurgiens esthétiques mais lui conseille de prendre en considération davantage sa patiente quand il montre les photos de reconstruction mammaire en premier lieu au mari en ignorant pendant plus de dix minutes sa patiente!

Non mais bordel , c’est de MES seins qu’il parle, de mon corps, c’est moi qui passe au bloc pas mon mari!

et si mon mari est présent, ce n’est pas parce qu’il s’inquiète de l’esthétique des deux seins qu’il touchera plus tard mais bien parce que je n’ai pas épousé un connard qui me laisserait seule devant cette épreuve mais bien un homme qui a décidé de soutenir sa femme.

Alors messieurs les chirurgiens, profession machiste?