Mois: novembre 2014

Dis camion!

Des différentes initiatives pour la prévention du cancer, c’est celle qui arbore la couleur rose que j’affectionne le plus. La campagne de prévention « octobre rose », a considérablement participé à la sensibilisation de la population vis à vis du cancer du sein.

Pour ma part, certaines de ces initiatives me touchent réellement, d’autres me font sourire et parfois, elles arrivent même à me rendre curieuse et me faire basculer dans le relais de la prévention. Je me transforme alors en ambassadrice et j’applique les règles de ce qu’on appelle en communication : « la stratégie du C to C » comprenez « Consumer to consumer » ou encore « quand le client parle au client ». (Bref, je suis prof de com…)

En effet, c’est avec l’avènement des réseaux sociaux et des usages que nous avons du 3ème pays du monde, de son petit nom Facebook, que le bon vieux bouche à oreille a retrouvé toutes ses lettres de noblesses aux yeux des grands manitous de la consommation.

Alors c’est en toute conscience de cette manipulation assumée que je vais vous faire l’apanage aujourd’hui, non d’un grand manitou de la consommation, mais d’une jeune entreprise qui à décidé d’acter en faveur de la prévention du cancer du sein en mettant en scène nos chers petits (ou gros d’ailleurs) boobs!

Thomas Bossé, créateur de la plate forme participative étudiante « My com buddy » (dont je salue l’idée en tant que prof… et oui on est toujours dans la com…) à créé en juin 2013, un petit frère de nom, « My boobs Buddy ».

My Boobs Buddy est une ligne de vêtements je cite « décomplexée » qui joue sur le ton décalé et met en scène les boobs! l’objectif du projet est d’encourager toutes les jeunes femmes à l’autopalpation car, nous, jeunes femmes, ne sommes pas censées passer des mammographies ou des IRM avant 50 ans.

Ce qu’il faut savoir c’est que le cancer du sein est généralement plus rare chez les femmes jeunes mais très souvent plus agressif lorsqu’il se déclare . Le dépistage du cancer commence par nous, par l’autopalpation, en clair, prenez soin de vos boobs les filles! et c’est le modèle « Dis camion  » que j’ai choisi pour arborer cette nouvelle ligne de vêtements, en bonus, c’est tout bio, tout beau, commerce équitable oblige!

Allez les filles c’est la mode du sweat cette année!

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Dis maman, c’est quoi un cancer?

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Si généralement l’annonce de mon altération génétique à le don de glacer tout le monde, je possède une autre caractéristique, qui elle, à le don de faire rire mon entourage ; je suis ichtyophobe, j’ai la phobie des poissons et de toutes les petites bêtes marines. Concrètement, je suis capable de pleurer de panique devant un poisson rouge, j’ai déjà vomis devant l’émission Thalassa et me suis déjà évanouie devant un spectacle de dauphin…Docteur Freud, si un jour tu me lis, je pense être la candidate idéale pour une thérapie comportementale et cognitive!

Je ne sais pas d’où me vient cette phobie, j’ai l’impression de l’avoir tout le temps eue, ma sœur me dit souvent qu’un beau jour, j’ai décidé de ne plus manger de poisson…la peur de l’élément marin s’accentuera au fil du temps.

De mon enfance, je ne me souviens de quasi rien, je pense avoir été une petite fille heureuse malgré la maladie de ma mère, j’étais espiègle et me cachais souvent dans le couloir, car comme tous les enfants, je voulais donner le change lors des conversations de grands et j’écoutais derrière la porte. Le mot cancer était souvent présent.

J’ai longtemps hésité avant de demander à ma mère ;

« Dis maman, c’est quoi un cancer? »

« C’est une maladie, une maladie importante »

« C’est pour ça que tu vas souvent à l’hôpital? »

« Oui, c’est pour ça »

« Mais ça fait quoi, dans ton corps? »

« Ben, c’est comme si j’avais un petit crabe en moi, qui cherche à me pincer, mais je compte bien lui faire sa fête »

Je n’ai jamais essayé de comprendre le fonctionnement de cette maladie, même quand mon oncle et ma grand-mère l’ont déclaré, c’était juste la répétition d’un cercle infernal ; d’abord le combat puis l’espoir, les complications et la souffrance. Je me suis contentée de ça, ma réalité était bien suffisante.

Lorsque ma sœur m’a annoncé son cancer, j’ai dû ressortir mon vieux bouquin, ce vieux crabe.

Depuis l’annonce de son cancer, elle s’énerve, devient rouge de colère lorsqu’on lui retourne un « ça va, c’est le cancer que l’on guérit le mieux »…oui, c’est vrai, mais c’est un cancer. Un combat au quotidien, une douleur, une mutilation, une fragilité chez elle, une fragilité chez moi.

Je me suis donc décidé à comprendre. Comprendre ce que l’opération préventive va m’éviter, comprendre le combat de ma sœur, le fonctionnement de mon ennemi,  le connaitre pour le contourner plus facilement, plus légèrement. Comprendre le cancer permet d’aider les personnes touchées autour de nous et de dépasser cette profonde anxiété que provoque l’annonce de cette maladie.

Ce petit film vous explique ce qu’est exactement un cancer du sein et cette vidéo  vous expliquera qu’il y a pas un cancer du sein mais bien des cancers du sein. De la même manière qu’il y a des seins petits, gros, ronds, dodus, mignons, menus, il y a une multitude de combats, des manières bien différentes de vivre cette maladie, de vivre la chimiothérapie, de vivre la mastectomie.

Perso, mon petit truc en plus c’est ma petite case en moins!

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Ma petite case …c’est  une altération sur le gêne BRCA2!

Ce gêne, chargé de supprimer les tumeurs n’est pas le seul responsable des cancers héréditaires, il a aussi son grand frère BRCA1.

Les cancers héréditaires du cancer du sein ne sont pas courants et représentent actuellement 5% des femmes atteintes du cancer du sein. Nous sommes toutefois 32000 femmes aujourd’hui porteuses d’un de ces gênes nous condamnant à une prévention médicale rapprochée , anxiogène parfois, nous apprenant à gérer l’annonce éventuelle d’un cancer à chaque douleur ressentie dans les seins ou les ovaires, ce qui, dans mon cas, arrive à peu près tous les jours!

En bref, si j’écoute mon corps, je deviens folle!

Les gènes mutés BRCA peuvent être le cadeau d’un héritage paternel ou maternel, à la seule différence est que le cancer du sein chez l’homme est plus rare.

Et là , je dis Bingo, j’ai fait deux filles! Mes filles ont donc 50 % de risque d’avoir hérité de cette mutation mais elles ne peuvent pas faire le dépistage avant leur majorité, cette décision doit rester un droit de savoir et non une obligation.

Je me dis souvent qu’elles ont également 50 % de chance de ne pas l’avoir mais que le chemin de cette discussion que je vais un jour avoir avec elles, va être long…

Si vous souhaitez plus de renseignements sur ces mutations génétiques , vous pouvez consulter ce dossier qui à le mérite de traiter la question au fil des pages de manière complète et vulgarisée.

 

 

 

 

 

 

La chirurgie esthétique, un truc de mecs?

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Je suis féministe, je fais partie de celles qui piquent des colères devant les catalogues de jouets, de celles qui revendiquent que l’apanage du plaisir sexuel n’est pas seulement réservé à l’homoérectus tout en proclamant le droit d’être autre chose qu’un produit de consommation sexuelle, ou encore de celles qui ne tolèrent pas la pression que notre société nous impose en plongeant toutes les femmes dans la trajectoire d’une maman cuisinière, couturière, ménagère et shoppeuse!

J’ai pris un virage dans mon parcours de guerre, celui qui va me mener au club des bombasses ;  ma nouvelle paire de seins doit m’être implantée par un chirurgien esthétique.

Selon une enquête, les femmes tomberaient très souvent amoureuses de leur chirurgien esthétique…Autant vous dire que j’attendais mon premier rendez-vous avec impatiente!

Comme toute femme aimée par son mari, c’est avec lui, mon éternel équilibre, que je me rends à cet entretien. Je n’y vais pas pour parler liposuccion, taille de bonnet, complexe physique mais reconstruction mammaire après une chirurgie prophylactique. Je suis stressée, un peu désorientée et angoissée à l’idée de parler de cette reconstruction mais je garde mon cap en me disant que je choisis par cet acte de vivre et non de survivre à une maladie.

La formation pour devenir médecin nécessite plusieurs années, trois cycles regroupant 10 à 11 années d’études. On peut donc s’attendre à être reçu par quelqu’un d’instruit voire intelligent mais la question est de savoir si le machisme s’affranchit devant l’instruction ou l’intelligence?

Et bien non! Même si ce premier entretien fut une véritable catastrophe, il m’aura au moins appris ça!

Je salue le charme et le charisme de ce chirurgien ne faisant pas défaut aux réputations des chirurgiens esthétiques mais lui conseille de prendre en considération davantage sa patiente quand il montre les photos de reconstruction mammaire en premier lieu au mari en ignorant pendant plus de dix minutes sa patiente!

Non mais bordel , c’est de MES seins qu’il parle, de mon corps, c’est moi qui passe au bloc pas mon mari!

et si mon mari est présent, ce n’est pas parce qu’il s’inquiète de l’esthétique des deux seins qu’il touchera plus tard mais bien parce que je n’ai pas épousé un connard qui me laisserait seule devant cette épreuve mais bien un homme qui a décidé de soutenir sa femme.

Alors messieurs les chirurgiens, profession machiste?

 

 

« La guerrière sans seins »*

J’ai toujours été en décalage par rapport aux autres, les événements de ma vie m’ont toujours donné cette impression.

Lorsqu’à six ans, mes petits camarades apprennent à lire, ma mère m’explique son cancer, à dix ans, je dois l’aider à se lever, à onze ans, elle me demande qui je suis lorsque je rentre dans la chambre d’hôpital et à douze ans, on m’apprend qu’elle est partie…

L’éternelle blessure de ma vie.

Un malheur n’arrivant jamais seul, mon père décide  de ne plus assumer ses responsabilités paternelles et part voguer vers d’autres horizons (Je lui dédicacerai peut être un petit article un jour…) , je me retrouve en foyer social à 14 ans.

J’entererrai mon seul repère masculin trois années plus tard du cancer, mon oncle maternel, un homme que j’admirais tant. Ma grand mère maternelle partira elle aussi du cancer deux ans plus tard, j’ai 19 ans quand je la laisse rejoindre ses enfants.

J’ai mis des années à me construire, des années à paraitre, à cacher ces blessures, puis le temps d’assumer est arrivé, j’ai travaillé dur, fondé une famille, appris à accepter et j’ai apaisé mes souffrances. Je suis devenue reine dans l’art de la résilience.

Mais c’est à l’apogée de mon art, le lendemain de mes 37 ans, que celle avec qui j’ai tout partagé, tout traversé, m’apprendra qu’elle doit se faire opérer, ma sœur… « mon âme sœur » à déclaré un cancer du sein. Nous apprendrons quelques mois plus tard que nous sommes porteuses toutes les deux de l’altération génétique BRCA2.

J’ai 38 ans et quand certaines de mes copines s’apprêtent à fêter leur 40 ans, moi c’est à une nouvelle paire de seins que je pense!

Surnommée « La guerrière sans seins » par le magazine ELLE, Laetitia Mendes vient de faire paraitre un ouvrage intitulé « Mon petit gène, ma seconde chance« .

Je dois avouer que cet ouvrage m’a réconcilié avec mon parcours et m’a fait comprendre, moi qui me suis ironiquement toujours dit, que les petites étoiles comme la petite cuillère faisaient partie des abonnés absents de ma vie, que les femmes porteuses de cette altération génétique étaient frappées par des parcours de vie pouvant parfois ressembler à des parcours de guerre.

C’est un récit poignant, qui par les similitudes de mon parcours m’a énormément touché mais également conforté dans le fait qu’il était temps de parler de cette altération génétique.

Et mon féminisme assumé, me fera écrire aujourd’hui que ce n’est pas une « guerrière sans seins » mais une guerrière tout court!

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Article ELLE, « La guerrière sans seins » du 22/10/2014

Le club des bombasses

Tout est une question de point de vue, tout est dans la manière d’appréhender les choses. J’en suis persuadée, je suis une adepte de la résilience.

L’angle de vue, le positionnement, l’empathie permettent souvent de trouver la solution. Alors devant tout problème, je décortique…

La chirurgie prophylactique est une opération qui peut paraître barbare voire incompréhensible pour certaines personnes. Elle m’a de suite était présentée comme mutilante. Pourtant la signification du terme prophylactique  « qui préserve la santé de tout ce qui pourrait lui être nuisible » connote davantage de manière positive. La vérité est que c’est une opération lourde, qui consiste à pratiquer une double mastectomie préventive afin d’éviter de déclarer le cancer. Une ablation de ma poitrine saine.

La plupart des femmes choisissent la prévention, la surveillance plutôt que cet acte chirurgical pourtant destiné à faire passer le risque de déclarer un cancer du sein de 87 % à 3%, le poids du sacrifice que cette opération représente est souvent trop lourd.

 – « Je vais me faire opérer, j’ai décidé, je leur ai dit »

– « C’est pas Angélina Jolie qui à fait ça ?. »

– « Si si, c’est le même gêne, la même opération »

 – « Hey ma chérie, tu vas rentrer dans le club des bombasses comme Angélina« 

– j’éclate de rire…

Alors qu’à cet instant même où je confiais ma décision d’une voix tremblante et fragile à mon fidèle supporter, mon acolyte masculin me classait dans le club des bombasses !

Je ne le remercierai jamais assez de ce contrepied, de cette vision qu’il m’offrait.

Je ne vais rien perdre, je vais gagner, renverser la vapeur, déjouer les statistiques, continuer à avancer, recommencer à me projeter et surtout préparer mon discours, mon histoire lorsque je devrais affronter le moment de confier ce lourd fardeau, cet éventuel héritage empoisonné à mes filles. Je veux être un exemple, une possibilité, un choix…

Et puis rentrer dans le club des bombasses à presque 40 ans, c’est pas si mal!