#féministe

Une vision genrée de la mastectomie

« Dis maman, quand je vais faire ma mastectomie, ça va être la même opération que toi? »

Il y a 4 ans, lorsque j’ai commencé à comprendre que j’allais devoir subir une mastectomie complète, j’ai beaucoup pleuré, j’ai mis du temps à accepter et aujourd’hui encore, 4 ans après, j’ai encore du mal à reconnaitre cette poitrine reconstituée, certes jolie, comme la mienne. (Il parait que j’ai de la chance, mes seins ne tombent pas! #LoptimismeMeFatigue)

J’ai beaucoup pensé à l’époque à mes filles, j’ai beaucoup prié pour qu’elles n’aient pas à subir ça, que les études sur ma mutation évoluent et qu’elles ne vivent pas ça quand elles arriveront à l’âge adulte.

Léa, ma grande avait à peine 11 ans lorsqu’elle a posé des mots sur sa transidentité, aujourd’hui à presque 13 ans, « elle » n’est plus.

« Elle » est « Il », et je n’emploierai pas « Elle » est devenu « Il  » parce comprendre la transidentité passe par le fait « qu’on ne devient »  pas fille ou garçon  mais « qu’on est » fille ou garçon. (A ne pas confondre avec le fait qu’on ne nait pas « femme », on le devient.. ni qu’on ne nait pas « homme » mais qu’on le devient #SimoneForever mais ça pourrait faire l’objet d’un autre article)

Mon fils a donc pris courageusement en main son chemin de vérité et comme je l’admire!. Il est suivi au CHU dans un dispositif pour mineur transgenre. Un super dispositif!.Ce dispositif explique, accompagne et nous aide à entrevoir le futur de mon enfant dans ses droits et ses possibilités. Nous avons beaucoup de chance.

Mon fils est épanoui. Il est beau et s’imagine dans ses propres projections masculines.

« Dis maman, quand je vais faire ma mastectomie, ça va être la même opération que toi? »

Mon coeur s’est arrêté. Mon coeur s’est arrêté.

« Je ne sais pas mon chéri, il faut demander au médecin« .

Cette demande faite avec un sourire m’a glacé. Et nous voilà dans le bureau du médecin , et nous parlons mastectomie, mon fils en parle avec un sourire et de l’envie. Le psychiatre me regarde avec un sourire bienveillant. Il me demande si je vais bien. Il a compris.

« Ben oui maman, ça va me rendre heureux moi »

Je n’avais jamais imaginé ça. J’ai tellement souffert de ça que je ne le souhaite à personne alors à mon enfant.

Je souris à penser à ça depuis.

Les attributs et caractères sexuels sont féminins ou masculins et vont avec la vision genrée qu’on peut avoir du corps qui correspond à son genre. Et le genre est une construction sociale certes mais également une construction de son propre esprit.

Mon fils me fait grandir. Il m’a d’abord fait grandir puisqu’il a fait de moi une maman, mais il m’a appris qu’on met au monde un enfant et pas « une fille » ou « un garçon » mais bien un petit être humain. Et il m’illustre que le malheur des uns ou des unes d’ailleurs peut vraiment faire le bonheur des autres.

Je souris à penser à ça depuis.

 

Octobre rose enfin…presque!

Bon ça fait un bail que je n’ai pas écrit et ce n’est pas parce que je n’ai plus rien à dire, au contraire, j’ai certainement trop de choses sur le coeur…

Mais ce matin en voyant cette campagne de sensibilisation, j’étais au bout de ma vie…au bout de ma vie de mutante, au bout de ma vie de femme, au bout de ma vie de prof de com…ça fait beaucoup! Alors j’ai décidé de faire cette lettre…

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Cher Monsieur ou chère Madame (parce que dans ce bas mon de tout est possible) le.la responsable du service de communication de Sanvignes-les-mines,

Permets moi tout d’abord de te tutoyer car lorsque j’ai vu ta campagne de sensibilisation en tant que femme et la liberté que tu as pris à imaginer que je puisse apprécier ce moment et l’assimiler à un moment de plaisir dû au fait qu’on allait me toucher une partie de mon corps…plus précisément MES seins, je prends moi la liberté de te dire tu!

Alors comment te dire..

Je vais d’abord te parler en tant que femme car je pense être la principale cible de ton affiche destinée à me ravir de ce grand moment de dépistage!

Pour ton information, les femmes luttent contre les attouchements et le harcèlement sexuel depuis des lustres; et oui, on aime pas trop en fait que les hommes s’approprient notre corps dans un espace public ou un espace privé d’ailleurs donc si tu imagines que je n’attends que ça…ben tu te trompes…

Ensuite , pour ton information également, les femmes possèdent une liberté de jouir, de faire ce qu’elles veulent de leur corps et de leur sexualité…elles vivent cela, pour certaines, avec un épanouissement le plus total et donc je souhaiterais davantage d’explication sur ton message, « ce n’était pas mon mec mais je me suis laissée faire »…parce que comme je suis une femme , je me demande vraiment ce qui peut avoir derrière ce message… me culpabiliser ? me convaincre pour celles qui penseraient faire acte d’infidélité en allant se faire dépister??? (je vous jure ça n’a rien à voir en termes de sensations!!!)

Et justement je viens te parler en tant que mutante BRCA2, une jeune femme qui depuis son plus jeune âge se fait palper les seins, s’est fait pendant plusieurs années écraser les seins dans cette fichue machine, que j’ai compté les secondes interminables à chaque fois que j’ai du attendre les résultats…alors quand venait le moment du dépistage, je pensais à tout sauf au mec qui allait peloter les seins…

C’est avec la peur au ventre que la plupart des femmes vont à cet examen et croyante ou pas, on prie (oui ça c’est pour tous mes ami.e.s pastafarien.nes), on prie pour que notre vie ne bascule pas.

Enfin, la petite prof de com que je suis, féministe et fière de l’être, ne peut que déplorer le message que tu as fait passer. Tu rates ta cible, tu ne sensibilises pas, alors on peut imaginer ta volonté de jouer sur l’humour mais le combat des femmes pour leurs droits, le combat des femmes contre le cancer, et l’appel des médecins au dépistage vaut mieux que tout ça.

Elles méritent que l’on communique les progrès de la médecine, que l’on explique aux femmes que leurs seins sont précieux (et croyez moi maintenant que j’en ai des faux, je mesure la préciosité des vrais!) , que leurs seins sont des organes vivants et non seulement des attributs sexuels dont elles doivent prendre soin en pensant à leur mec! Elles méritent qu’on leur explique que le dépistage permet de prendre des cancers à temps voire de les guérir…bref elles méritent un peu plus de considération et d’explications.

Cordialement.

Une mutante pas très contente.

 

 

 

 

Amazone, Chère Amazone, je tenais à te dire Merci!

Crédit photo : David Jay pour The Scar Project

Il y a des rencontres qui vous marquent, qui ne vous laissent pas insensibles, qui vous transforment et vous font grandir…

Il y a des rencontres empreintes d’humanisme qui vous remplissent d’espoir et vous montrent que tout est encore possible…

D’abord celles des sœurs de la perpétuelle indulgence, qui, dans toute leur humanité, leur beauté, leur bonté et leur extravagance accompagnent les personnes atteintes du VIH. Ce sont elles, celles du couvent du nord qui ont organisé la rencontre avec les amazones, parce qu’elles ont élargi, leur questionnement sur le cancer du sein notamment via une exposition photographique dédiée au sein que j’ai pu voir au centre LGBTQF de Lille qui s’intitule « J’en ai un, j’en ai deux, j’en aurai, je n’en veux plus« .

Ensuite, Il y a toi, Angie, que je n’ai pas osé abordé, parce que ton témoignage trop bouleversant résonnait trop pour que je vienne te dire à quel point tu m’avais touché.

Et puis, il y a vous…les amazones.

Quand j’ai commencé à réfléchir à mon ablation, ce sont vers vos photos que je me suis penchée pour essayer d’imaginer à quoi mon corps aller ressembler. J’ai eu la chance, hier soir, de vous rencontrer, vous, guerrières debout dont le pull over laisse apparaitre la présence d’un seul sein.

Je tenais à vous remercier par cet écrit de votre témoignage, de votre travail , de votre présence, de votre énergie, de votre tolérance.

La soirée à débuté avec la projection d’un court reportage réalisé aux abords de Beaubourg à Paris, résultant d’un micro trottoir qui a pour objectif de retranscrire la réponse à une question simple : devant une photo d’amazone telle que celle située au début de cet article, que ressentez vous?

Quelques minutes pour entendre le meilleur, la bienveillance, la compréhension, le respect mais aussi le jugement, la monstruosité (terme employé par une personne interrogée), l’injonction faite aux femmes de la nécessité de se reconstruire après leur lutte déjà si épuisante contre le cancer.

Le débat qui a suivi cette projection posait la simple question ; est-on encore une femme aux yeux de notre société lorsqu’on voit un ou même nos deux seins disparaitre?

Le témoignage et la réalité de ce micro trottoir démontraient toute la violence reçue par ces femmes qui ont choisi de ne pas se « re »construire une poitrine après leur ablation.(je mets le « re » entre guillemets parce que, comme l’a signifié très justement une des amazones, rien que le terme reconstruction, sous entend que l’ablation d’un sein vous détruit) Violence d’ailleurs très fortement ressentie dans le milieu médical où on vous parle tout de suite de reconstruction immédiate sans vous laisser la possibilité d’imaginer que sans seins vous pourriez tout simplement être heureuse, épanouie voire vous sentir belle!

La projection à été suivie d’une lecture d’un texte qui m’a complétement bouleversé tant il décrivait les étapes, toutes les étapes, le ressenti, les phases en post opératoire d’une ablation. Toutes ces questions que je me suis posée, toutes ces questions , ces sentiments, ce bouleversement qui m’ont envahi, tout ce qu’on a pu me renvoyer. Ce texte est extrait d’un livre écrit par Annick Parent, une des deux amazones présentes.

J’avoue que cette rencontre m’a profondément marquée, d’une part, par l’interrogation qu’elle suscite sur le parcours médical et le discours qu’on me tient depuis le départ de mon choix opératoire. Puis, je dois bien l’avouer, qu’il résonne de manière forte, pour moi, qui tient des positions féministes et qui lutte contre toutes ces injonctions que la société nous impose sous le prétexte de remplir les critères esthétiques du genre féminin. En bref, sois belle, mince, ait deux seins, un vagin et de préférence…ne réfléchis pas. (J’exagère mais presque pas …)

Injonction faite à ces femmes au point de ne pas respecter le combat qu’elle ont déjà mené , au point de ne pas faire preuve de toute l’humilité qui s’impose devant la maladie qu’aucune d’entre elles n’a choisie, au point de réduire une femme à sa corporéité.

Alors Merci à vous, les sœurs de la perpétuelle indulgence pour vos sourires et votre humanité.

Merci à toi Angie, d’être si bouleversante de sincérité.

Et Merci à vous, les amazones d’avoir changé mon regard sur ce buste sans seins marqué par le combat qui ne signifiait rien d’autre pour moi que souffrance de la maladie jusqu’au deuil. Merci à vous de m’avoir montré aussi qu’il pouvait être le témoin d’un combat, d’une acceptation, d’un choix, d’un réel positionnement, de la vie tout simplement de la vie.

Merci à toi, Annick, d’avoir écrit ce magnifique texte et de m’avoir regardé avec toute la tolérance en me disant que le bout du chemin n’était pas loin.

Je vous regardais déjà comme des guerrières, je ne peux qu’admirer votre beauté.

 

 

Dis camion!

Des différentes initiatives pour la prévention du cancer, c’est celle qui arbore la couleur rose que j’affectionne le plus. La campagne de prévention « octobre rose », a considérablement participé à la sensibilisation de la population vis à vis du cancer du sein.

Pour ma part, certaines de ces initiatives me touchent réellement, d’autres me font sourire et parfois, elles arrivent même à me rendre curieuse et me faire basculer dans le relais de la prévention. Je me transforme alors en ambassadrice et j’applique les règles de ce qu’on appelle en communication : « la stratégie du C to C » comprenez « Consumer to consumer » ou encore « quand le client parle au client ». (Bref, je suis prof de com…)

En effet, c’est avec l’avènement des réseaux sociaux et des usages que nous avons du 3ème pays du monde, de son petit nom Facebook, que le bon vieux bouche à oreille a retrouvé toutes ses lettres de noblesses aux yeux des grands manitous de la consommation.

Alors c’est en toute conscience de cette manipulation assumée que je vais vous faire l’apanage aujourd’hui, non d’un grand manitou de la consommation, mais d’une jeune entreprise qui à décidé d’acter en faveur de la prévention du cancer du sein en mettant en scène nos chers petits (ou gros d’ailleurs) boobs!

Thomas Bossé, créateur de la plate forme participative étudiante « My com buddy » (dont je salue l’idée en tant que prof… et oui on est toujours dans la com…) à créé en juin 2013, un petit frère de nom, « My boobs Buddy ».

My Boobs Buddy est une ligne de vêtements je cite « décomplexée » qui joue sur le ton décalé et met en scène les boobs! l’objectif du projet est d’encourager toutes les jeunes femmes à l’autopalpation car, nous, jeunes femmes, ne sommes pas censées passer des mammographies ou des IRM avant 50 ans.

Ce qu’il faut savoir c’est que le cancer du sein est généralement plus rare chez les femmes jeunes mais très souvent plus agressif lorsqu’il se déclare . Le dépistage du cancer commence par nous, par l’autopalpation, en clair, prenez soin de vos boobs les filles! et c’est le modèle « Dis camion  » que j’ai choisi pour arborer cette nouvelle ligne de vêtements, en bonus, c’est tout bio, tout beau, commerce équitable oblige!

Allez les filles c’est la mode du sweat cette année!

boobs-camionneuse

La chirurgie esthétique, un truc de mecs?

femme

Je suis féministe, je fais partie de celles qui piquent des colères devant les catalogues de jouets, de celles qui revendiquent que l’apanage du plaisir sexuel n’est pas seulement réservé à l’homoérectus tout en proclamant le droit d’être autre chose qu’un produit de consommation sexuelle, ou encore de celles qui ne tolèrent pas la pression que notre société nous impose en plongeant toutes les femmes dans la trajectoire d’une maman cuisinière, couturière, ménagère et shoppeuse!

J’ai pris un virage dans mon parcours de guerre, celui qui va me mener au club des bombasses ;  ma nouvelle paire de seins doit m’être implantée par un chirurgien esthétique.

Selon une enquête, les femmes tomberaient très souvent amoureuses de leur chirurgien esthétique…Autant vous dire que j’attendais mon premier rendez-vous avec impatiente!

Comme toute femme aimée par son mari, c’est avec lui, mon éternel équilibre, que je me rends à cet entretien. Je n’y vais pas pour parler liposuccion, taille de bonnet, complexe physique mais reconstruction mammaire après une chirurgie prophylactique. Je suis stressée, un peu désorientée et angoissée à l’idée de parler de cette reconstruction mais je garde mon cap en me disant que je choisis par cet acte de vivre et non de survivre à une maladie.

La formation pour devenir médecin nécessite plusieurs années, trois cycles regroupant 10 à 11 années d’études. On peut donc s’attendre à être reçu par quelqu’un d’instruit voire intelligent mais la question est de savoir si le machisme s’affranchit devant l’instruction ou l’intelligence?

Et bien non! Même si ce premier entretien fut une véritable catastrophe, il m’aura au moins appris ça!

Je salue le charme et le charisme de ce chirurgien ne faisant pas défaut aux réputations des chirurgiens esthétiques mais lui conseille de prendre en considération davantage sa patiente quand il montre les photos de reconstruction mammaire en premier lieu au mari en ignorant pendant plus de dix minutes sa patiente!

Non mais bordel , c’est de MES seins qu’il parle, de mon corps, c’est moi qui passe au bloc pas mon mari!

et si mon mari est présent, ce n’est pas parce qu’il s’inquiète de l’esthétique des deux seins qu’il touchera plus tard mais bien parce que je n’ai pas épousé un connard qui me laisserait seule devant cette épreuve mais bien un homme qui a décidé de soutenir sa femme.

Alors messieurs les chirurgiens, profession machiste?