La fonte des neiges!

Abracadabra mes seins sont là….

Abracadabra mes seins ne sont plus…

ça y est  …les beaux jours sont arrivés et l’heure de la mise en texte des pensées devenues trop lourdes se fait sentir!

Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à écrire ces derniers temps, (peut-être est ce bon signe?) l’acceptation faisant son chemin , j’éprouve de moins en moins le besoin d’exprimer ce que je traverse…mais je dois également avouer que les troubles causés par  les étapes de la reconstruction sont difficilement nommables.

Quelques mois se sont écoulés…et le chantier n’est toujours pas terminé, loin de là, même si une bonne partie du chemin est parcouru et que, sous un chemisier, je peux crier « abracadabra mes seins sont là! » …

Je suis passée de « Je gonfle mes expandeurs tous les 15 jours » à « j’engraisse mes seins  tous les trois mois »

Enfin je devrais plutôt dire « j’engraisse les volumes créés de force par des expandeurs sous mon muscle pectoral, censés être des seins pour qu’ils ressemblent à des  vrais seins » mais j’ai décidé de vous expliquer avant de vous dire que… c’est compliqué!

Alors mes expandeurs étant arrivés au volume souhaité ( et non, je n’en ai pas profité pour devenir une bimbo gonflable, je le précise car souvent on me demande …et « tu te fais plaisir?, tu vas t’en faire des plus gros?…non je suis désolée, je comprends toujours pas, on m’a enlevé mes seins, je peux vous dire que la notion de plaisir…vous oubliez…et ça.. dans tous les sens du terme), j’ai pu commencer la première séance de lipomodelage.

Définition du lipomodelage: on vous prend vos graisses localisées ( genre celles qui résistent après le régime de fou que vous avez fait et qui font que vous ressemblez toujours à une bouteille d’orangina et désespérément pas à une sirène) et on vous les réinjecte dans les « volumes-seins en devenir »….génial! vous me direz…

C’est vrai que sur le papier c’est bien! Non seulement ça vous permet de corriger vos défauts corporels mais c’est avant tout une technique durable qui, contrairement aux prothèses vous permet de ne pas revenir au bloc opératoire une fois le processus de reconstruction terminé.

Le petit hic…c’est la patience.

« Rome ne s’est pas construit en un jour »… ben mes seins non plus!

Le lipomodelage est assez troublant. Je viens de subir la deuxième séance. La première fois que je me suis réveillée du lipomodelage, j’ai foncé devant le miroir pour voir…

Le jour de ma mastectomie, j’ai pleuré de douleur, lors de mon réveil du lipomodelage, j’ai été envahi par l’émotion, j’ai pleuré de bonheur, j’avais des seins!

et oui …je dis j’avais..parce que la problématique du lipomodelage, c’est que ça fond!

De jour en jour, la fonte des neiges, je me regarde devant le miroir et ça diminue, ça diminue, ça diminue…par contre les ecchymoses sur les cuisses s’étendent, s’étendent , s’étendent…comme m’a dit  une âme bienveillante, tu dois être la seule femme qui se regarde dans la glace en se disant…oh merde…c’était mieux hier! 🙂

Le but du jeu est de stabiliser ces injections de graisse à force de lipomodelage!

bref, une réelle partie de plaisir ; ça fait mal (ça va encore avec les anti-douleurs, faut imaginer les courbatures de la grosse grosse grosse séance de sport pendant une quinzaine de jours) , c’est impressionnant parce que les zones prélevées se transforment en « univers » (expression trouvée par mes filles pour qualifier les zones ecchymosées « maman on dirait les images d’univers »…et mes seins sont rebaptisés « les totottes SIMPSON » pour leur couleur jaunâtre post-op! c’est pas beau ça!), au point ou vous vous demandez si vous n’avez pas servi de défouloir à une bande de chirurgiens en furie pendant l’anesthésie…ça met un mois à partir, les œdèmes..c’est un peu plus long…et pendant ce temps là ben vos seins…fondent…)

C’est troublant parce que votre image corporelle change beaucoup et que vous devez vous efforcer à vous dire…c’est temporaire, l’image là, celle que vous voyez dans le miroir,va encore changer, bouger.

C’est un mal pour un bien car même si c’est très troublant, et fatiguant (ça me pompe une sacrée énergie quand même, je suis très fatiguée), la prise de conscience du corps est très importante.

J’en suis donc à la deuxième séance, j’ai toujours mes expandeurs, cette deuxième séance à permis de totalement les dégonfler. Je les enlèverai à la prochaine séance dans trois mois. Il faut comprendre que ces volumes ne sont pas encore des seins car le pli mammaire sera tracé à la dernière séance, on vous cout les sillons et on redessine la forme du sein (oui, des moments sympas en prévision..)

Tout ça pour vous dire que je trouve la route sacrément longue (bientôt un an) pour une reconstruction immédiate (pas la même définition du terme « immédiat » dans mon dictionnaire que celles des oncologues…) mais dans tous les cas…je vais bien. Alors que les oncologues me parlent déjà de mon ovariectomie, je vais bien.

Je reconstruis mes seins, je reconstruis ma vie, je reconstruis mon avenir génétiquement tracé.

Je ne survis pas, je vis!

 

2 commentaires

  1. Merci pour les mots que vous laissez ici. Vous faites partie de ces anonymes sur la toile qui aident les autres (comme moi) à prendre la même décision en connaissance de cause… Votre témoignage, au milieu des autres, me dit que certes, c’est compliqué, long, parfois (très) douloureux, mais que la sérénité et la vie sont bel et bien au bout du chemin. 🙂

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